lundi 22 octobre 2012

Vidéo TED : Martin Seligman, La nouvelle ère de la Psychologie Positive



" A l'époque où j'étais Président de l'Association Américaine de Psychologie, on tenta de m'inculquer l'art de la communication et une brève rencontre que j'eus avec CNN résume assez bien ce dont je vais parler aujourd'hui qui est la 11ème raison d'être optimiste. Le rédacteur du magazine Discover nous en a donné 10... ... Je vais vous donner la 11ème

Donc, l'équipe de CNN vint me voir et me dit: "Professeur Seligman pouvez-vous nous parler de l'état de la psychologie aujourd'hui? Nous aimerions vous interviewer à ce sujet." Je réponds "Super!" Ils ajoutent "Mais c'est CNN, donc faites court." Je demande: "Bien, vous me donnez combien de mots?" Et on me répond " Disons... un"

(Rires)

Les caméras tournent et la journaliste commence: "Professeur Seligman, quel est l'état de la psychologie aujourd'hui?" "Bon."

(Rires)

"Coupez, coupez. Ça ne va pas. Nous ferions mieux de rallonger votre temps de parole." "Bon, à combien de mots j'ai droit cette fois-ci?" "Eh bien disons... deux! Professeur Seligman, quel est l'état de la psychologie aujourd'hui?" "Pas bon!"

(Rires)

"Bien, Professeur Seligman, nous voyons bien que vous n'êtes pas à l'aise avec ce format. Nous vous donnons donc encore plus de temps cette fois-ci vous avez droit à trois mots. Professeur Seligman, quel est l'état de la psychologie aujourd'hui?" "Pas assez bon." Et c'est ce dont je vais vous parler.

Je veux expliquer pourquoi la psychologie allait bien, pourquoi elle n'allait pas bien et comment, d'ici dix ans, elle pourrait aller assez bien. Ces considérations peuvent s'appliquer en parallèle à la technologie, au divertissement et au design, car pour moi ces sujets sont très proches.

Donc, pourquoi la psychologie allait-elle bien? Depuis plus de 60 ans, la psychologie a travaillé sur les pathologies. Il y a dix ans, quand j'étais en avion, que je me présentais à mon voisin de siège et lui disais ce que je faisais comme métier, il changeait de place. Parce que, et à juste titre, il pensait que la psychologie avait pour but de découvrir ce qui clochait. Trouvez le cinglé! Aujourd'hui, quand je dis aux gens ce que je fais, ils se rapprochent.

Ce qui était génial avec la psychologie, avec l'investissement de 30 milliards de dollars de l'Institut Américain de la Santé Mentale avec l'élaboration du modèle des pathologies, avec ce que signifiait "psychologie" était qu'il y a 60 ans, aucune des pathologies n'était guérissable -- ce n'était que des tours de passe-passe. Aujourd'hui il existe des traitements pour 14 d'entre elles, et deux sont effectivement guérissables.

D'autre part une science s'est développée, la science de la maladie mentale. Nous avons découvert que nous pouvions prendre des concepts flous comme la dépression, ou l'alcoolisme, et les analyser avec méthode. Que l'on pouvait créer une classification des maladies mentales. Que l'on pouvait comprendre la cause de ces maladies. Que l'on pouvait observer au fil des ans les même personnes-- par exemple, celles qui avaient un terrain génétique favorable à la schizophrénie et s'interroger sur l'incidence de l'hérédité, de la génétique, et isoler les variables tierces en menant des expériences sur la santé mentale.

Et par dessus tout on a pu, dans les 50 dernières années, mettre au point des traitements médicaux et psychologiques, qu'on a ensuite été en mesure de tester rigoureusement. -- lors d'expériences contrôlées par la distribution aléatoire de placebo-- afin d'écarter les traitements inefficaces, et de conserver ceux qui avaient un effet réel.

Et la conclusion est que la psychologie et la psychiatrie, au cours des 60 dernières années, ont pu se prévaloir à juste titre de rendre les gens malheureux moins malheureux. Et je pense que c'est formidable! Je suis fier de cette réussite. Mais cela a eu trois conséquences qui n'étaient pas bonnes.

La première fut morale-- les psychologues et les psychiatres sont devenus victimisants et pathologisants; notre perception de la nature humaine était : le malheur appelle le malheur. On a oublié que les gens font des choix et prennent des décisions. On a oublié la responsabilité personnelle. Ce fut le premier prix à payer.

Le second fut que l'on vous oublia VOUS. On cessa de réfléchir à des façons d'améliorer les vies normales. On s'éloigna de la mission consistant à rendre des gens relativement sains plus heureux, plus accomplis, plus productifs; les mots "génie" et "talentueux" devinrent tabous. Plus personne ne travaillait sur le sujet.

Et le troisième problème lié au modèle des pathologies fut que dans notre précipitation à soigner les personnes à problèmes, dans notre hâte à réparer ce qui était cassé, il ne nous vint pas à l'idée de développer des traitements visant à rendre les gens heureux, des traitements positifs.

Et ça, ça n'était pas bon. C'est ce qui a conduit des gens comme Nancy Etcoff, Dan Gilbert, Mike Csikszentmihalyi et moi même à nous consacrer à ce que j'appelle la "psychologie positive", avec trois objectifs. Le premier est de faire en sorte que la psychologie s'intéresse autant aux atouts qu'aux faiblesses humaines. Qu'elle se préoccupe autant de développer les forces que de réparer les dégâts. Qu'elle se penche sur les aspects les plus agréables de la vie, et qu'elle se préoccupe de rendre la vie des gens plus satisfaisante, en tirant parti des dons et talents naturels.

Donc, depuis 10 ans, et, espérons-le, à l'avenir nous assistons à l'émergence d'une science de la psychologie positive: une science qui fait en sorte que la vie vaille la peine d'être vécue. Il s'est avéré que l'on pouvait évaluer différentes formes de bonheur. Chacun d'entre vous peut se connecter, gratuitement, sur ce site: www.authentichappiness.sas.upenn.edu et se soumettre à une batterie de tests sur le bonheur. Vous vous demandez comment on peut prendre le parti des émotions positives, du sens de la focalisation, à contre-courant de dizaines de milliers d'autres personnes? Nous avons créé l'opposé du manuel de diagnostic des troubles mentaux: une classification des points forts et des qualités qui se base sur le sexe, sur la façon dont on les définit, dont on les reconnaît, sur ce qui les renforce et ce qui les entrave. Nous avons découvert qu'il était possible de savoir ce qui engendrait des états positifs, la communication entre l'hémisphère gauche du cerveau et l'hémisphère droit étant une des causes du bonheur.

J'ai passé ma vie à travailler sur des cas de personnes extrêmement malheureuses, en me posant sans cesse la question : en quoi les gens extrêmement malheureux sont différents de vous autres? Puis, il y a à peu près six ans, nous nous sommes penchés sur le cas de gens extrêmement heureux, pour savoir en quoi ils étaient, eux aussi, différents de nous. On a découvert qu'il y avait une logique. Ils ne sont pas plus religieux, ils ne sont pas en meilleure santé, ils n'ont pas plus d'argent, ils ne sont pas plus beaux, il ne leur arrive pas plus de choses agréables et moins de désagréables. Ils se distinguent sur un aspect: ils sont extrêmement socialisés. Ils n'assistent pas à des conférences le samedi matin. (Rires) Ils ne passent pas de temps seuls. Chacun d'entre eux vit une relation amoureuse et chacun d'entre eux a un large cercle d'amis.

Mais attention! Tous ces éléments sont des conséquences, et non des causes, Je vais parler du bonheur, semblable à celui des premiers films : le bonheur exubérant, riant et festif. Je suggèrerai bientôt que ce n'est pas forcément suffisant. Nous avons découvert que nous pouvions revenir sur les techniques utilisées au cours des siècles, de Bouddha à Tony Robbins. Il existe environ 120 protocoles qui rendent effectivement les gens plus heureux. Nous avons découvert que nous étions capables de décomposer la plupart d'entre eux, et d'en évaluer l'efficacité et l'efficience par des études avec distribution aléatoire, afin de déterminer lesquelles rendent les gens durablement heureux. Dans un instant je vous communiquerai certains de ces résultats.

Mais le résultat est que la mission que je veux confier à la psychologie, en plus de sa mission de traiter les maladies mentales, et en plus de sa mission consistant à rendre moins malheureux les gens malheureux... la psychologie peut-elle effectivement rendre les gens plus heureux? Et pour répondre à cette question -- bonheur est un mot que j'utilise peu -- nous avons dû décomposer le bonheur en éléments mesurables. Et selon moi il y en a trois -- que je distingue les uns des autres, parce que chacun a pour origine des facteurs différents il est possible d'en avoir un plutôt qu'un autre -- trois sortes de vie heureuse. La première est la vie agréable. C'est une vie où vous ressentez autant d'émotions positives que possible, et avez une certaine capacité à amplifier. La seconde est une vie engagée: engagée dans votre travail, votre famille, votre amour, vos loisirs, et le temps n'existe plus. C'est de ça dont parlait Aristote. Et troisièmement, une vie pleine de sens. Je vais dire un mot de chacune de ces vies et de ce que nous en savons.

La première, la vie agréable, la meilleure façon de l'avoir est simple, il faut ressentir le plus de plaisir possible, éprouver autant d'émotions positives que possible, et apprendre à les amplifier, en les savourant et en en ayant la pleine conscience, à les dilater dans l'espace et le temps. Mais cette vie a trois inconvénients, et c'est pourquoi la psychologie positive n'est pas la science du bonheur, et ne s'arrête pas là.

Le premier est que la vie agréable, votre perception des émotions positives, est héréditaire, à 50 % environ héréditaire et en réalité assez statique. Donc les différents trucs que Matthieu, moi et d'autres avons trouvés pour augmenter la quantité d'émotion positive dans votre vie vont au maximum l'améliorer de 15 à 20 %, pas plus. Le second inconvénient: on s'habitue à l'émotion positive. Très rapidement en fait. C'est comme la glace à la vanille: à la première cuillerée, le plaisir est à 100% mais à la sixième, il a disparu. Et, comme je le disais, ce n'est pas particulièrement facile à changer.

Tout ceci nous amène au second genre de vie. Il faut que je vous parle d'un ami, Len, pour vous expliquer en quoi la psychologie positive est plus que l'émotion positive, plus que la construction du plaisir. A la trentaine, Len avait réussi de façon éclatante dans deux des trois grands domaines de la vie. D'abord, professionnellement. Il était devenu à 20 ans courtier en bourse. A 25 ans il était multimillionnaire et à la tête d'une société de courtage. Deuxièmement, au jeu: il est champion national de bridge. Mais dans le troisième grand domaine de la vie, l'amour, Len était un raté incontesté. Parce que Len était totalement mort à l'intérieur. (Rires)

Len est un introverti. Les femmes disaient à Len, quand elles sortaient avec lui, tu n'es pas drôle, tu ne ressens rien. Dégage. Len était suffisamment riche pour se payer les services d'un psy de Park Avenue, qui essaya pendant cinq ans de découvrir le traumatisme sexuel qui devait probablement l'empêcher d'extérioriser ses émotions positives. Mais il s'avéra qu'il n'y avait pas de traumatisme sexuel. C'est juste que Len avait grandi à Long Island qu'il avait joué au foot, et regardé du foot, et joué au bridge. Len éprouve 5% de ce que l'on appelle les affectivités positives.

A la question "est-ce que Len est malheureux?", je répondrais "non". En dépit de ce que la psychologie nous enseigne sur les gens qui ressentent moins de 50 pour cent d'affectivité positive, je pense que Len est une des personnes les plus heureuses que je connaisse. Il n'est pas condamné à l'enfer du malheur parce que Len, comme la plupart d'entre vous, est immensément capable de focalisation. Quand il entre à la Bourse de New York à 9h30 du matin, le temps s'arrête pour lui. Et ne redémarre qu'à la fermeture. De la première carte jouée, jusqu'au dixième et dernier jour du tournoi, le temps s'arrête pour Len.

C'est exactement ce dont parle Mike Csikszentmihalyi, quand il parle de focalisation, et c'est de bien des façons très différent du plaisir. Le plaisir est primitif: vous savez quand vous le ressentez. C'est un mélange de pensées et de sentiments. Mais ce que Mike vous disait hier : quand vous êtes focalisé, vous ne ressentez rien. Vous ne faites qu'un avec la musique. Le temps s'arrête. Vous êtes intensément concentré. Il s'agit bel et bien d'une des caractéristiques de ce que l'on appelle une bonne vie. On pense qu'il y a une recette pour y arriver, qui est d'identifier vos points forts. Et je le répète, il y a un test efficace sur le site pour trouver vos cinq points forts. Ensuite vous devez réorganiser votre vie pour les utiliser au maximum. Réorganiser votre travail, vos amours, vos loisirs, vos amis, vos relations familiales.

Juste un exemple: une de mes collègues fut un temps caissière à Genuardi, elle détestait son boulot. Elle a travaillé tout au long de ses études supérieures. Son point fort était sa capacité à se socialiser, donc elle réorganisa son travail afin que la rencontre avec ses clients soit pour eux l'apogée relationnelle de leur journée. Évidemment ça n'a pas vraiment marché. Mais elle avait effectivement cerné ses points forts, et repensé son travail pour les utiliser au maximum. Vous n'en retirez pas un sourire perpétuel. Vous ne ressemblez pas plus à Debbie Reynolds. Vous ne rigolez pas beaucoup. Vous êtes absorbé. Donc, c'est la seconde voie. La première voie est celle de l'émotion positive. La seconde voie est celle de l'intense et bénéfique concentration.

Et la troisième voie est celle du sens. C'est la forme de joie qui est traditionnellement vue comme la plus vénérable. Et trouver du sens, dans cette approche, consiste -- d'une façon très similaire à la concentration totale, consiste à identifier vos points forts, et à les mettre au service de quelque chose qui vous dépasse, vous transcende.

J'ai évoqué le fait que pour chacune de ces trois vies, la vie agréable, la bonne vie et la vie signifiante, des chercheurs se penchent attentivement sur la question de savoir s'il y a des éléments qui modifient durablement ces vies. La réponse semble être positive. Je vais vous citer quelques expériences. Chacune est conduite de façon rigoureuse. Le protocole est le même que celui pour tester l'efficacité d'un médicament. Il y a donc des tâches réparties aléatoirement, des contrôles par placebo, des études à long terme des différents traitements. Pour vous donner une idée du genre de traitements qui se sont avérés efficaces, quand nous formons les gens à la vie agréable, à éprouver plus de plaisir dans la vie, une des tâches est d'utiliser les capacités d'être en pleine conscience et de savourer le moment pour vous créer une journée particulièrement belle. Samedi prochain, prenez votre journée, organisez vous une belle journée et utilisez vos capacités à être en pleine conscience et à savourer le moment pour accroître ces plaisirs. On peut montrer ainsi que l'on a une vie plus agréable.

La visite de gratitude. Faites donc cela avec moi, maintenant si vous voulez bien. Fermez vos yeux. J'aimerais que vous pensiez à quelqu'un qui a fait quelque chose d'immensément important pour vous qui a orienté votre vie dans une bonne direction, et à qui vous n'avez jamais vraiment dit merci. Cette personne doit être toujours en vie. Bien. Bon, maintenant ouvrez vos yeux. J'espère que vous avez tous eu une personne comme ça dans votre vie. Votre tâche, quand vous apprenez à faire une visite de gratitude est de lui écrire un témoignage en 300 mots, de l'appeler à Phoenix, de lui demander si vous pouvez passer, sans dire pourquoi, de frapper à sa porte, et de lire votre témoignage -- à ce moment précis tout le monde pleure -- et quand on teste les gens une semaine, un mois ou trois mois plus tard, ils sont à la fois plus heureux et moins déprimés.

Un autre exemple est un "rendez-vous des points forts" au cours desquels des couples identifient leurs atouts avec le test dont je parlais, et doivent ensuite concevoir une soirée durant laquelle ils utilisent leurs atouts personnels, et améliorent ainsi la qualité de leur relation. Le choix entre l'amusement et la philanthropie. C'est si réjouissant de participer à un groupe comme celui-ci, au sein duquel tellement d'entre vous ont dédié leur vies à la philanthropie. Eh bien, mes étudiants et mes collègues ne s'étaient pas encore penchés sur le sujet. Nous demandons à des sujets de faire des choses altruistes, puis des choses amusantes, et de comparer les ressentis. On découvre que lorsque l'on fait quelque chose d'amusant il y a un pic de satisfaction qui redescend vite. Alors que quand vous accomplissez un acte philanthropique en aidant quelqu'un d'autre, la satisfaction dure et dure encore. Voila donc des exemples de traitements positifs.

La dernière chose que je voudrais dire : on cherche à mesurer la satisfaction que les gens ont de leur vie parce que c'est vraiment ce qui définit quelqu'un. C'est notre variable principale. Nous posons la question suivante pour déterminer quelle vie vous correspond : "à quel point votre vie vous satisfait-elle?" Nous demandons -- cela a été fait dans 15 réplicats sur des panels de milliers de personnes -- dans quelles proportions la recherche du plaisir, la recherche de l'émotion positive, de la vie agréable, la recherche de l'investissement personnel qui fait perdre la notion du temps, et la recherche de sens participent à votre vie?

Nos résultats nous ont surpris, allant à l'encontre de ce que nous pensions. Il s'avère que la recherche du plaisir ne contribue presque pas au taux de satisfaction d'une vie, alors que la recherche de sens y contribue le plus fortement. L'engagement est aussi un élément très important. Le plaisir devient important si vous avez déjà à la fois l'engagement et le sens. Le plaisir est alors la cerise sur le gâteau. En clair, une vie pleine est supérieure à la somme des trois vies prises individuellement. A l'inverse, si vous n'en avez aucune des trois, votre vie est vide, la somme vaut moins que les parties.

Nous voulons donc savoir maintenant si le même rapport existe entre la santé physique, la morbidité, la durée de vie et la productivité. C'est-à-dire dans une entreprise quel est le lien entre la productivité et le ressenti positif, l'engagement et le sens. Est-ce que la santé est liée à un engagement positif, au plaisir et et à la présence d'un objectif dans la vie? Il y a des raisons de penser que la réponse à ces deux questions pourrait bien être oui.

Chris a dit que le dernier orateur a la possibilité de réutiliser ce qu'il a entendu, ce qui me semble formidable! Je ne m'étais jamais retrouvé au sein d'une telle assemblée, Je n'avais jamais vu des conférenciers se dépasser autant, c'est un des aspects les plus spectaculaires de ces conférences. Mais j'ai découvert que les problématiques de la psychologie semblent être très proches de celles de la technologie, du divertissement et du design. Nous savons tous que la technologie, le divertissement et le design ont été et peuvent encore être utilisés à des fins destructrices. Nous savons aussi que la technologie, le divertissement et le design peuvent servir à alléger les souffrances. D'ailleurs je signale que la différence entre alléger les souffrances et rendre plus heureux est extrêmement importante. Je pensais, au moment où je suis devenu thérapeute, il y a 30 ans, que si j'étais assez bon pour rendre mon patient ni déprimé, ni anxieux, ni agressif, je le rendrais heureux. Mais ça ne s'est jamais produit. Le mieux que je pouvais faire c'était de ramener les niveaux à zéro, mais ça les laissait vides.

Il s'avère que les capacités à être heureux, à vivre une vie agréable, à s'engager et à donner du sens à sa vie relèvent de compétences différentes de celles qui permettent de soulager le mal-être. Donc il me semble que le rapprochement avec la technologie, le divertissement et le design se tient, car ces moteurs de notre monde permettent d'améliorer le bonheur et les émotions positives, et c'est généralement comment cela qu'ils ont été utilisés. Mais si vous décomposez le bonheur comme je le fais pas uniquement en émotions positives -- c'est loin d'être suffisant --- la vie permet la focalisation et le sens. Comme Lauralee nous l'a dit le design, et selon moi le divertissement et la technologie, peuvent également être utilisés pour augmenter l'engagement.

Donc, en conclusion, la 11ème raison d'être optimiste, en plus bien sûr de l'ascenseur spatial, est, selon moi, avec l'aide de la technologie, du divertissement et du design, que nous pouvons significativement augmenter la masse de bonheur ressenti par les habitants de notre planète. Et si la technologie est en mesure, dans les 10 ou 20 prochaines années, d'améliorer la vie agréable, la vie engagée et la vie spirituelle, ça sera déjà formidable. Si le divertissement pouvait lui aussi s'orienter vers l'augmentation des émotions positives, de l'engagement et de la félicité, ça serait vraiment pas mal. Et si le design à son tour augmente le ressenti positif, le bonheur, l'implication personnelle et la spiritualité, alors tous ensemble, nous serions devenus assez bons... Merci. (Applaudissements)
"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire